Sturmgeschütz IV (SdKfz 167)

Sturmgeschütz IV (7.5cm StuK 40 L/48) (SdKfz 167)

Au début du mois de décembre 1943, Hitler, au cours d’une discussion avec son état-major, ratifie la proposition de Guderian d’adapter la superstructure du Sturmgeschütz III sur un châssis de panzer IV. A l’époque, le Stug III  a déjà fait la preuve de ses qualités. il est d’ailleurs de plus en plus utilisé comme canon antichar mobile, au détriment de sa mission d’appui d’infanterie. Mais l’emploi du châssis de Pz III qui lui sert de base commence à présenter certains inconvenants : il limite les possibilités de monter une pièce d’un plus fort calibre en raison de sa légèreté (le maximum atteint étant l’obusier de 105 mm du Stug 42) et bien que fiable, il n’offre pas lesd qualités automotrices du Pz IV . En  outre, la totalité des chaînes de montage du châssis Pz III sont réservées au Stug III, qui demeure le seul engin (plus quelques Pz III M ou N) utilisant encore cette motorisation au combat. En revanche, le Pz IV est alors en plein essor : il équipe la grande majorité des régiments de chars, il est robuste et assez puissant pour véhiculer toutes sortes de pièces d’artillerie antichars ou antiaériennes (voir Nashorn, Hummel, Mobelwagen, etc.). Son utilisation pour le nouveau Stug présente donc le triple avantage de simplifier les  problèmes de maintenance et de remplacement des pièces, d’unifier les techniques d’apprentissage du pilote, et d’ouvrir la voies à de nouvelles  expérimentation quant à l’avenir d’un châssis qui donne toute satisfaction.

Le Führer, afin de disposer de cet automoteur pour en doter les unités de chars dans l’attente que le Panther soit disponible en nombre suffisant, ordonne que les premiers projets qui lui soient présentés dès les 16 décembre. A cette même date a lieu également la démonstration du Panzerjäger  IV (autre « enfant chéri » de Guderian) dont les  qualités et la ligne impressionnent tous les observateurs. Le Sturmgeschütz IV ( SdKfz 163) semble alors passer presqu’inaperçu, mais sa mise en production recueille l’accord d’Hitler, et débute sans délai aux usines Krupp-Gruson AG de Magdebourg –Bukkau. Il peut paraître surprenant que deux semaines aient suffi pour mettre au point le projet définitif, mais les modifications étaient somme toute assez simples et réduites.

Afin d’adapter la caisse du Stug III au châssis du Pz IV G, il fut nécessaire de rallonger la structure de 46 cm et de la rehausser de 8 cm. Le blindage frontal fut d’autre part porté de 50 à 80 mm, le blindage latéral restant de 30 mm d’épaisseur. Une casemate blindée pour le conducteur fut installée à l’avant-gauche  du véhicule, et équipée de deux épiscopes (au lieu d’une fente de vision) et d’une trappe supérieure ; un renfort de 15 cm en béton y était parfois ajouté à l’avant. Le  masque du canon « Saukopf » (ou groin de cochon) des nouveaux Stug III Ausf G fut retenu d’emblée. Comme ses prédécesseurs, le Stug IV reçut des plaques  « schürzen » latérales contre les  charges creuses, un enduit « zimmerit » anti-mines magnétiques, et plus tard une mitrailleuse MG34 ou 42 sur le dessus du compartiment de combat, derrière un volet blindé. Cette installation, obligeant le servant à être à découvert pendant le tir, n’était pas satisfaisante ; d’autre part, l’expérimentation d’un système de « Sturmgewehr 44 » à  canon courbe sur rotule, pour, tirer de l’intérieur, n’apporta pas  de réponse aux exigences du combat. Ainsi le projet d’une MG télécommandée, adopté en mai 1944, permit d’équiper le Stug IV, ainsi que le Panzerjäger IV et le Hetzer.

Dès le 26 janvier 1944, une  étude était prévue pour l’installation du canon de 75 long (L/70) du Panther sur les châssis du Stug IV et du Jagdpanzer IV, et ce, contre l’avis de Guderian qui pensait que le canon L/48 de 75 mm remplissait toutes les tâches nécessaires. Hitler ordonna même en juillet 1944 que la construction du Pz IV soit interrompue pour que les chaînes se consacrent entièrement à ces deux engins. La  mise au point de la nouvelle version du Stug IV fut cependant abandonnée au profit du jagdpanzer IV L/70, très apprécié pour les qualités balistiques de son armement, mais surchargeant le châssis du Pz IV.

Ainsi que pour la plupart des matériels de l’armée allemande, la construction du Stug IV fut répartie entre plusieurs fabriques. Si l’assemblage avait lieu à Magdebourg, le bas du châssis venait des firmes Böhler  de Kapfenberg, Krupp d’Essen, etc., la structure blindée était fournie par la sidérurgie brandebourgeoise et le canon par Wimag à Berlin et Skoda à Pilsen. La production débuta doucement en décembre 1943, mais s’amplifia durant l’année 1944, au cours de laquelle 1 006 unités sortirent de chaînes contre 105 de janvier à mars 1945. Les chiffres connus permettent d’évaluer à 1 138 le nombre de Stug IV construits sur châssis de Pz IV AusF G puis H. Le Sturmgeschütz IV Pesait 23 t, et était servi par quatre hommes d’équipages. Son habitacle plus vaste et sa motorisation plus puissante présentait un progrès sur le Stug III, mais il conservait ce manque de débattement latéral du canon qui réduisant ses capacités, particulièrement en combat offensif. Comme son prédécesseur, il équipa les bataillons indépendants de Stug mais aussi certains régiments de chars, où il en fut en dotation le plus souvent dans le 3e bataillon comme matériel de transition.

Caractéristiques

Equipage : 4 hommes (chef de char, tireur, chargeur/opération radio, conducteur).

Poids : 23 tonnes
Longueur : 6.70 mètres
Largeur : 2.95 mètres
Hauteur : 2.20 mètres
Garde au sol : 40cm

Moteur : Maybach HL120-TRM, 12 cylindres, essence, 300CV
Transmission : ZF-SSG-76 « Aphon » (6 rapports avant, 1 arrière)
Suspension à ressorts à lame.
Vitesse maximale : 40km/h sur route, 22km/h tout-terrain
Autonomie : 210 kilomètres (sur route) (tout-terrain : environ 140 kilomètres)
Rapport poids/puissance : 13CV/tonne
Franchissement : 30°
Franchissement obstacle : 0.6 mètres
Franchissement tranchée : 2.3 mètres
Chenilles : 400mm de largeur, 99 patins

Blindage avant : 80mm, latéral et arrière : 30mm, plancher et toit : 11mm

Armement : 7.5cm StuK 40 L/48, 63 obus en réserve
Armement secondaire : 1x ou 2x MG-34, 1010 coups en réserve
Lunette TSR-1 (tireur) et épiscope d’observation d’artillerie TF-14Z (chef de char).
Le dispositif "Nahverteidigungswaffe" de défense rapprochée est installé à partir d’avril 1944.

Matériel de communication interne au véhicule : Bordsprechanlage modèle 24 (spécifique aux Sturmgeschütze), couplé au bloc radio. Haut-parleur interne pour chauffeur L.S.G. (Fu) Type B.

Matériel radio :

Ensemble radio FuG 16 SE-10, conçu pour la Sturmartillerie, comprenant : un émetteur de type 10 WS.h, et un récepteur Ukw.E.h.
Ensemble-radio FuG 15 : comprend un second récepteur Ukw.e.h et un convertisseur E.U.a (permettant ainsi au char de devenir, sans modification, un char de commandement de peloton ou compagnie, la présence du deuxième récepteur autorisant au commandant d'être à l'écoute de deux unités en même temps !)
Portée maximale de réception : 8km (à l'arrêt, et en radiotélégraphie, la portée de la radiotéléphonie étant encore plus courte).
Deux antennes (pour chaque poste radio) de 2 mètres, sont installées à l'arrière de la casemate, de chaque côté ; généralement, seule l'antenne de la FuG 16 est déployée, un "simple" équipage ne nécessitant qu'un émetteur et récepteur.
Fréquences utilisées : 23.1-25.0 Mhz
Circuit électrique : 12V (24V au démarrage).

 

Sources : Histoire & maquettisme n°5