Arromanches le Port Artificiel

Arromanches : le port artificiel

La ville d’Arromanches a été choisie pour la célébration du 60ème anniversaire du débarquement. Pour beaucoup de néophytes, le Débarquement a eu lieu à Arromanches. Le 6 juin, aucune opération de débarquement n’a eu lieu sur cette partie de plage. La ville a été libérée le 6 juin 1944 vers 18h30 par voie terrestre par des blindés débarqués au Hamel, progressant par Saint-Côme-de-Fresné.
Le port artificiel en 1944
La construction du port artificiel s’était organisée en trois éléments majeurs.
- des digues pour briser la houle
- des quais pour le déchargement du frêt
-des jetées faisant la liaison entre les quais et la terre ferme.
Les digues artificielles
Elles étaient constituées de deux barrages successifs
- un barrage de bombardons positionné en avant d’une ligne de vieux navires coulés " les Blockships "
Les bombardons
Les bombardons étaient constitués de caissons métalliques en forme de croix. Long de 65 m, haut de 8 m et d’un tirant d’eau de 6 m, les branches inférieures verticales et horizontales étaient remplies de 2000 tonnes d’eau, la branche supérieure était composée de caissons étanches. Les bombardons attachés les uns aux autres étaient espacés de 15 m. Cette ligne continue avait pour rôle d’aplatir les vagues, l’espace entre chaque bombardon avait été calculé de façon à ce que les vagues ne se reforment pas derrière la ligne.
Les Blockships
Les blockships étaient des vieux navires condamnés à mort et des caissons de béton envoyés au fond de l’eau. Mis bout à bout cette ligne de navires-bloqueurs formaient une digue longue de 7 km.
Les caissons Phoenix
Vestige les plus visibles du Mulberry, 150 caissons furent construits en Angleterre. Remorqués à travers la Manche, ils furent coulés parallèlement au rivage afin de servir d’ossature aux digues protégeant le port artificiel. Il existait 6 types de caissons dont les mensurations avaient été calculées en fonction de la profondeur de l’eau à l’endroit ou ils devaient être coulés. Le tonnage varie entre 1500 et 6000 tonnes. Les plus gros éléments mesuraient 70 m de long, 13 m de large et 20 m de haut. Leur assemblage formait une digue de plus de 3500 m.
Les plateformes de déchargement.
Les quais de déchargement étaient implantés dans la rade artificielle délimitée par les caissons et les blockships. Ils servaient au déchargement des bateaux dont le tirant d’eau ne permettait pas l’échouage.
Les quais étaient raccordés au rivage par des jetées.
Les quais ou whales-piers étaient composés de plates-formes. Chaque plate-forme était elle-même constituée d’un assemblage de caissons d’acier insubmersible. Un caisson mesurait 70 m de long et 20 m de large. 7 caissons reliés entre eux par des pontons intermédiaires formaient une plate-forme de déchargement.
Les plates-formes coulissaient sur 4 pieux d’acier de 30 m ce qui permettait de contrecarrer les dénivellations occasionnées par la houle et les marées.
Les jetées flottantes
Les jetées raccordaient les plates-formes au rivage. Entre le quai et la terre ferme, une jetée métallique reposait à intervalles réguliers sur les caissons étanches dit " bettle ou scarabée ".
15 kilomètres de chaussées furent construits. Remorquées, elles traverseront la Manche en section de 150 m.
Les déformations dues à l’amplitude des marées étaient absorbées par des éléments télescopiques.
Deux Mulberry furent construits un devant Arromanche dit " Mullberry B " et un devant Saint-Laurent dit " Mulberry A ". La terrible tempête du 19-22 juin détruisit entièrement le Mulberry A.
Les chiffres des ports artificiels
Superficie d’un Mulberry : 500 hectares
Longueur du brise- lames : 6 kilomètres
Nombre de navires sabordés : 60 environ
Nombres de caissons Phoenix : 212
Volume de béton utilisé : 300 000 m3
Longueur des jetées flottantes : 15 kilomètres
Nombre de quais sur pieux construits : 33
Nombre de remorqueurs affectés au projet : 164
Nombre d’entreprises participant au projet : 400
Le 12 juin, 104 000 tonnes de ravitaillement, 326 000 hommes et 54 000 véhicules, soit six jours après l’assaut, avaient transité par Arromanches. La couverture DCA mobilisait plus de 600 pièces.
280 navires opéraient journellement.
En 100 jours, 2 500 000 hommes, 500 000 véhicules et 4 millions de tonnes de matériels débarquèrent à Arromanches.
Les quelques photos qui suivent ce modeste reportage (il existe beaucoup d’ouvrages sur les ports artificiels) permettent d’imaginer ces éléments, il y a 60 ans.