Mutzig

Mutzig

À la mémoire des combattants de la 3e D.I.U.S. et du 15e R.I.U.S. qui combattirent et libérèrent Mutzig.


De par sa situation géographique, Mutzig ferme l’accès vers Strasbourg en venant de Schirmek. La ville est entourée de montagnes impraticables aux forces motorisées. Il était capital pour l’armée US de capturer Mutzig afin de poursuivre son avance vers la capitale alsacienne. Mutzig fut transformée en verrou par l’armée allemande. La 3e DIUS et en particulier les fantassins du 15e RIUS reçurent la difficile mission de réduire cet obstacle et de s’emparer de la ville.

MUTZIG novembre et décembre 1944


Chasseur de char de type " Hetzer " détruit au niveau du passage à niveau. Ce petit chasseur de char élaboré à partir du châssis tchèque du char 38(t)  est armé d’un canon de 75mm. Il porte un superbe camouflage de type " embuscade ". Il semble que l’armée allemande ai perdu au moins trois blindés de ce type à Mutzig, soit par sabordage, soit par destruction au combat.

  26 novembre 1944, ce char Sherman M4, armé d'un canon de 75mm, a été sévèrement endommagé lors des combats à l'entrée de Mutzig. Un obus a ricoché sur le glacis avant de type boulonné. Un autre obus a transpercé le bas de caisse coté mitrailleur. Ce pourrait être le tir d'un " hetzer " qui soit à l'origine de la destruction de ce Sherman appartenant au 756th Tank Battalion. L'équipage avait renforcé le blindage avant avec des sacs de terre. L'étude des chenilles nous montre que celles-ci sont neuves et que les patins ont été renforcés par des extensions " duckbills ". Ces accessoires augmentent l'adhérence en terrain meuble ou enneigé.

La sortie de Mutzig en direction de Strasbourg était fermée par un obstacle anti-char fait de troncs d’arbres et de terre. Fin novembre 1944, le génie US procède au démantèlement de cet obstacle avec l’aide d’un bulldozer de type Caterpillar D4 équipé d’une lame Dozer Le Tourneau C4.

 Cette série de photos a été prise du centre ville de Mutzig près de la fontaine. Le fort Est est violemment bombardé par l’artillerie lourde américaine. Des pièces de 155 " Long Tom " furent utilisées pour tenter de venir à bout de la résistance des soldats allemands retranchés dans les casemates souterraines du fort " Feste kaiser Wilhelm II " .Ce fort avait été construit par les Allemands au début du siècle. Il appartenait à la ceinture fortifiée qui protégeait l’Alsace et la Lorraine et était le pendant des forts français du système " Sérré de Rivière ". L’aviation US pilonna le fort à deux reprises avec des bombes à retardement et incendiaires. Le 4 décembre 1944, face à la résistance obstinée des défenseurs, le 10e bataillon de génie US fit exploser un semi-chenillé de capture chargé de 4 tonnes d'explosif

Après leur capitulation, les prisonniers allemands sont transportés en camion vers la cour de l’école, premier lieu de détention. Dans la cour de l’école, gardés par les FFI, ils seront fouillés et enregistrés.

Alors que d'autres traversent à pied le centre-ville

Plus " chanceux ", ce nouveau contingent de prisonniers est emmené au camp de prisonniers. Il bénéficie d’un transport en camion. L’ensemble routier est formé par un tracteur Chevrolet 4X4 G7113 et d’une semi-remorque à ridelle en bois 7 Ton. Il est facile de s’imaginer les conditions de transport : debout, serrés les un contre les autres, exposés aux intempéries. Il ne faut pas oublier que nous sommes au mois de décembre.

Moins loin du barrage anti-char, un Sturmgeschutz III a été abandonné par son équipage. 2 plaques de blindage additionnel ont été posées sur le devant du char. Est-ce dans un but de protection supplémentaire contre les armes anti-chars. Le camouflage est composé d’un badigeon fait de coups de pinceaux vert et marron sur fond jaune. Notre Stug porte le numéro 1023. Le masque du canon de type " Saukopf " le désigne comme un Ausf G.
La photo 10c a souvent eu pour légende " Sturmgeschutz III photographié à l’entrée de Molsheim ". L’erreur est levée : Molsheim et Mutzig ne sont distants que de quelques kilomètres.


Les forces d’occupation allemande ont été boutées hors de la ville. Les civils alsaciens profitent du désordre pour récupérer le mobilier laissé sur place. Cette scène se déroule dans le quartier Clerc. Aujourd’hui, ce quartier est toujours occupé par l’armée française. Les bâtiments que l’on voit sur la photo servent de logement aux personnels militaires du 44éme Régiment de Transmissions.

Mutzig est libéré. Les services sanitaires réquisitionnent le quartier Clerc pour y installer le " EVACUATION HOSPITAL 59 ". Installation qui sera suivi par " 57 HR FIELD HOSPITAL UNIT ". Il semble que deux hôpitaux français, l’HÔPITAL D’EVACUATION 414 ET L’HOPITAL DE CAMPAGNE 425 aient fonctionné parallèlement aux les hôpitaux américains. La présence de l’hôpital de campagne 425 est confirmée par la présence d’un panneau indicateur de direction sur la photo n°8. Le véhicule présent sur la photo est un DUKW, version amphibie du GMC. Malgré les signes tactiques visibles sur les flancs du véhicule, je n’ai pu identifier son appartenance tactique.

 

 
L’occupant dans sa retraite a abandonné ce train blindé. Il est présenté en gare de Mutzig aux civils. On y voit un wagon" Tragerwagen " portant une chenillette Lorraine 37L transformée en 15cm sFH13/1 (Sf) auf Geschuetzwagen Lorraine Schlepper (f) et équipée d’un canon de 15cm. La motricité du train est assurée par une locomotive blindée. Les autres photos nous montrent des wagons blindés équipés de diverses pièces d’artillerie de 100 mm de type wz14/19P en tourelle d'origine polonaise et d'une pièce anti-aérienne monotube de 37 mm de type Rheinmetall AG. Le camouflage de l’ensemble a été réalisé au pistolet à peinture : macaronis marrons et verts sur fond jaune. Ce " Panzerzug " ou train blindé allemand BP42 est généralement composé par :

      -Un wagon porte-char transportant un char d'accompagnement Praga de type Pz. 38 ou un obusier  automoteur
     - Des wagons d'artillerie.
     - Un wagon de commandement " Kommandowagen ".
     - Un wagon d'assaut/cuisine.
     - Une locomotive blindée Krupp BR 57 050 Panzerlokomotive, à cinq bogies      centraux.
     - Un tender BR 57 3T16 5
Il possède une artillerie efficace, s'accompagnant d'une défense  anti-aérienne en rapport avec la perte de la maîtrise du ciel par la      Luftwaffe, renforcée par une infanterie embarquée de 118 hommes. La  locomotive Krupp était fabriquée à Essen, les wagons à Breslau par Linke-Hoffman. La constitution du train était symétrique, la locomotive  occupant toujours la place centrale.


  • Le bâtiment typique situé en arrière plan est toujours présent. Il sert aussi de logement aux personnels militaires du 44éme Régiment de Transmissions.

Autres vues du train blindé

l’arrière de la locomotive et  son tender blindé

une partie d’une voiture  blindée " geschutzwagen " portant une pièce d’artillerie.

  •  Cette photo d’époque est présentée sur le site www:lonesentry.com sans localisation. Il s’agit de la " Porte du bas " située à Mutzig. Plus de 60 ans après, ce monument historique rappelant une page ancienne de l’histoire de Mutzig n’a pas changé.

  • Les grilles de l’ancien mess de garnison portent encore les traces des combats de novembre 1944.

  Des Traces d’impact sont encore visible sur les murs d’entrée du mess

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    Les combats ont cessé. Un flot ininterrompu de matériels traverse la ville. Sur cette photo, on aperçoit un attelage composé d’un tracteur de la classe 6x6, 6Ton et d’une remorque 16 Ton Full, Low Bed transportant un bulldozer Caterpillar D4 équipé d’une lame Dozer Le Tourneau C4.
    Aujourd’hui, la place de la fontaine est devenue un lieu touristique. 4 drapeaux flottent symboliquement cote à cote, l’Alsace : terre tant convoitée par la France et l’Allemagne qui se sont tant déchirés pour cette province et celui de l’Union européenne synonyme de paix européenne.
  • Début décembre, les convois se succèdent les uns après les autres. Ils sont essentiellement composés de Jeep, d’half-track dont l’un tracte une pièce antichar, de Dodge, de chars Sherman. La bataille d’Alsace semble gagnée. Strasbourg est libéré depuis le 23 novembre
    Dans moins de deux semaines, le troisième Reich lancera sa dernière offensive dans les Ardennes. Face à la pression subie, le commandement US envisagera un repli de ses troupes sur les contreforts des Vosges abandonnant Strasbourg à son sort .Hélas, le martyr de cette région est loin d’être terminé. De violents combats continuent en haute Alsace et le 1 janvier, la Wehrmacht déclenchera dans le nord de l’Alsace l’opération Nordwind
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    Plaque commémorative apposée sur le mur d’une maison de Mutzig rappelant le sacrifice du soldat Simon Quiroz.

  • Sources :
    1944/1994 Cinquantenaire de la libération de Mutzig Société d’histoire de Mutzig et environs dont sont extraites la plus part des photos d’époque.
    Armes et Militaria hors-série n° 15 La France libérée (II) de la Provence aux Vosges Yves Buffetaut
    Album Mémorial Bataille d’Alsace 1944/1945 Edition Heimdal
    Sherman in action squadron /signal publications armor n°16
    Les véhicules de l’US Army 1939/1945 JM. Boniface JG. Jeudy
    Documentation personnelle