S-51

S-51

                               

 

23 août 1943, les Allemands perdent la bataille de Koursk et entrent définitivement dans une guerre défensive. L’état-major de l’Armée rouge est conscient de la puissance des capacités défensives des fortifications allemandes en rase campagne et en zone urbaine.

Il apparaît que son artillerie classique manquera de puissance et qu’il faille envisager une nouvelle génération de canons automouvants à haut pouvoir de destruction. Une des caractéristiques primordiale est un délai de mise en batterie qui ne doit pas dépasser un vingtaine de minutes. Les rôles dévolus à ce type d’artillerie seront l’appui proche des unités blindés et de l’infanterie (destruction en tir direct  de chars, de points fortifiés ou de bunkers) et des  tirs d’artillerie classiques à longue distance. 

En novembre 1943, le commissaire du peuple à l’armement Ustinov met en compétition les principaux concepteurs de canons automoteurs.

 

En quelques semaines des projets sont présentés par l’usine n° 100 NKTP, l’usine Uralmash et par le TsAKB .

Le premier projet élaboré par l’ingénieur J.J Kotin reprend un système d’arme similaire au canon automouvant français équipé du  194 mm GPF, mais équipé d’un obusier plus puissant.

L’usine UZTM propose deux projets sensiblement similaires. Le premier est un obusier de 203 mm B-4 monté sur châssis KV-1S (projet modernisé qui deviendra le SAC U-19) ou deux versions d’un SU-122 équipé d’un obusier de 152 mm.

La complexité technologique liée à la réalisation des engins et  les délais de mise en batterie trop longs condamnent ces projets.

Le TsAKB  (bureau central de développement de l’artillerie dirigé par l’ingénieur Vassilli Grabin) propose un SAU sous la dénomination de S-51.

 

L’idée était d’installer le lourd obusier de 203 mm M1931 (B-4) sur un châssis de KV-1(S) afin de le rendre plus mobile. La mise en place du canon était possible en enlevant la tourelle du char pour la remplacer par un affut modifié et un canon (le poids de l’obusier était supérieur à celui de la tourelle cela porte l’ensemble à une cinquantaine de tonnes). Cependant, il apparaît rapidement que la surface d’appui est insuffisante et  que le châssis retenu est trop court. Pour remédier à ce problème, une version modifiée avec 7 ou 8 rouleaux serait nécessaire. Devant  la complexité des transformations à apporter au châssis, l’usine NKPT est peu encline à modifier sa chaîne de production pour quelques dizaines d’exemplaires. Grabin se contente donc d’un châssis de KV-1S dont seule la motorisation est légèrement modifiée.

Son élaboration commença fin automne 1943. Les premiers essais en usine commencèrent en février 1944. Son élaboration n’était pas finalisée  au printemps 1944. Sous la pression de la direction de l’artillerie, l’engin est envoyé sur  terrain d’essai. Après plus de 300 tests liés à la conception de l’arme et une série d’essais en polygone de tir, les exigences concernant la puissance de feu de l’engin sont atteintes.

Il apparaît que l’engin souffre de nombreux problèmes. Lors du tir, le châssis accusait difficilement la forte puissance de recul du  canon, et mettait  à mal le système de transmission. La hauteur de l’ensemble provoquait un fort balancement latéral qui engendrait un manque de stabilité. L’angle d’élévation du tube était relativement réduit. Le recul du canon était si fort que l’équipage ne pouvait se maintenir en place sur la plateforme de tir du châssis. L’absence d’un système de chargement,  la taille et le poids des munitions rendaient les opérations d’approvisionnement extrêmement pénibles pour l’équipage. La taille du châssis du KV-1S n’en faisait pas la plateforme la plus adaptée pour l’emport du volumineux obusier B-4. L’absence d’habitacle  de protection laissait l’équipage à la merci des intempéries et des tirs ennemis.

Il fut décidé que, malgré ses défauts insolubles et son coût de revient, la production en série de l’engin pourrait être lancée. Mais en fin de compte, aucune suite ne fut donnée au projet. Les problèmes liés à la fabrication en série de châssis modifiés ne pouvaient être seulement envisagés que sous condition de production massive et le manque d’obusier B-4 sonnèrent le glas de ce projet hors temps.

 

Mais dans le même temps des engins comme le SU-152 ou l’ISU 152 sont élaborés. Ces canons automoteurs de nouvelle génération étaient plus adaptés aux contraintes du champ de bataille. Fortement blindés et extrêmement mobiles, ils pouvaient être polyvalents et employés aussi bien comme engins d’appui ou chasseurs de chars. Progressant au rythme des unités blindées et mécanisées, aucun délai n’était nécessaire pour leur mise en batterie. 

Caractéristiques*

Type : canon automoteur

Nombre produit : 1 modèle expériemental

Poids : 49750 kg

Longueur : 9350 mm

Largeur : 3380mm en configuration de tir

Hauteur : 3400 mm

Equipage : 9

Blindage : 60 mm pour le châssis

Armement principal : 1 obusier de 203 mm B-4

Cadence de tir : entre 2 et 3 coups / mn

Emport munition : 12 coups

Pouvoir de perforation : munition AC entre 66 et 110 mm selon l’angle d’incidence

Armement secondaire : néant sauf armement individuel en dotation de l’équipage

Motorisation : V-2K V-12 diesel

Puissance : 600 cv à 1900 tr/mn

Vitesse maxi sur route : 30 km/h

Vitesse maxi  tout terrain : 17 km/h

Rayon d’action sur route : 230 km

Rayon d’action tout terrain : 160 km

Suspension : barre de torsion 

*varie selon les sources