T-34/76

T-34/76

 

Le char qui sauva Staline

Employé par brigades entières, dans de gigantesques attaques frontales, le T-34 est resté dans la mémoire des combattants de la dernière guerre, Victoire pour les Soviétiques, Angoisse et mort pour le soldat allemand.

Sur le plan de sa conception, le T-34 , simple et robuste, s’adaptait parfaitement à la production de masse. A l’aise dans la boue et la neige, possédant un excellent profilage et une bonne puissance de feu, le T-34 était l’un des meilleurs chars des années 1941-42.

Tirant les enseignements de la Guerre d’Espagne, de leurs déboires avec les Finlandais et des incidents de Manchourie, les Soviétiques prirent conscience du fait que leurs blindés étaient démodés, lents et vulnérables.

Timoshenko et Romistov reprirent les idées de Toukhachevsky (purgé par Staline après une incroyable opération d’intoxication de Heydrick) : les blindés russes ne devaient plus servir uniquement de soutien à l’infanterie, mais opérer groupés au sein de brigades blindées. Pour ce, un char rapide, fortement armé et blindé et pouvant être produit en grande série était nécessaire. Les ingénieurs Koshim et Morozov, sous le contrôle direct du Haut commandement de l’Armée rouge et de Staline, s’attelèrent à e problème ; ils conçurent , à partir des plans du char de 19 tonnes T-32 un projet qui aboutit le 19 décembre 1939. Le nouveau char , dénommé T-34, fut accepté par les autorités militaires et fit ses essais au début de 1940. La production en série commença en juin de cette même année. Ce qui laissait à penser que Staline envisageait bien de participer à la conflagration mondiale.

Production et développement

Le T-34/76 (Les Soviétiques ne donnant pas de dénominations précises aux différents types de blindés d’où l’utilisation des nomenclatures des services de renseignements anglo-saxons de la Deuxième Guerre mondiale).

Ce modèle portait un canon de 76,2 mm court L/30.3 modèle 1938, monté au centre de la tourelle sur un mantelet . Les 115 premiers T-34/76A, portait à l’instar du KV-1, une mitrailleuse à l’arrière de la tourelle, cette arme, peu utile, fut toutefois rapidement supprimée. L’inclinaison des plaques de blindage renforçait l’efficacité de celui-ci, en faisant ricocher les projectiles de la redoutable P.A.K. (artillerie antichar allemande). La tourelle était très basse afin tout d’abord de réduire la taille du char, mais aussi afin de permettre aux armes de bord d’intervenir aux abords immédiats du véhicule ( le canon s’abaissait de -3° et s’élevait à +30). Sur la tourelle on ne trouvait qu’une grande trappe , dont le rabat s’ouvrait vers l’avant protégeant ainsi le chef de char. Cette trappe donnait directement accès à l’habitacle. Une simple plaque de tôle séparait cet habitacle du comportement moteur.

Sur le glacis avant, la trappe du conducteur était placée à côté de la mitrailleuse sous coupole. L’équipage se composait de quatre hommes : le conducteur, le radio-mitrailleur, le canonnier et le chef de char. Le conducteur pouvait aussi servir la mitrailleuse de front, le chef de char aidait le canonnier à servir la pièce. Il disposait également de la mitrailleuse co-axiale de tourelle.

La suspension dérivait directement de celle du char américain Christie. Cinq grandes roues ajourées et bordé de caoutchouc assuraient le train de roulement. La pénurie de matière première fit qu’une partie des T-34 furent équipé d’un train de roulement dont les roues étaient entièrement métalliques. Composées de 72 éléments, les chenilles étaient étudiées pour rejeter la neige et la boue. Très larges (48 cm), elles donnaient au T-34 une pression au sol de 0,7 kg/cm2 (tous les autres chars existant en 1941 possédaient une pression oscillant entre 0,95 et 1 kg/cm2). On voit tout de suite l’avantage que cela conférait au T-34 sur terrain boueux ou marécageux.

Le moteur diesel , monté à l’arrière était unV-12 refroidi par eau, il développait 493 cv à 1 800 tr/mn. Le réservoir principal était également placé à l’arrière, protégé par le blindage , le char pouvait porter quatre réservoirs auxiliaires cylindriques placés sur les côtés et  deux plus petits placés sur le glacis arrière.

Un seul périscope monté sur l’avant gauche de la tourelle assurait la vision une fois les panneaux fermés. Le T-34A ne portait pas d’équipement radio, la signalisation se faisait par drapeaux à bras.

Notons que quelques chars reçurent un canon ZIS-4 de 57 mm. Possédant une plus longue volée et tirant des obus à haute vitesse initiale, ce canon détruisait les blindés légers à une plus grande distance que le 76,2 court. Cette portée accrue ne compensait cependant pas l’inefficacité de cette arme contre les Panzer II et IV, aussi les Soviétiques revinrent-ils au canon de 76,2 mm. 

L’existence du T-34 était restée inconnue des services de renseignement allemands, son apparition en juillet 1941 fut donc une fort mauvaise surprise pour la Wehrmacht peu préparer à affronter ce type d’adversaire. Impressionné par sa puissance de feu, sa mobilité et son blindage, le Haut Commandement allemand envisagea un temps la production en Allemagne du T-34. Les projet « Panther » et « Tiger » mirent fin à cette curieuse solution.

Le T-34 76 B : Apparus en 1941, les premiers modèles de ce type étaient tout à fait semblables au modèles A, mis à part l’installation du canon de 76,2 mm L/41.5 modèle 1940. Ce canon à longue volée possédait une portée supérieure au modèle court. Il tirait des obus à haute vitesse initiale (662 mètres :seconde) lui conférant un grand avantage 

sur le plus lourd char allemand de l’époque , le Panzer IV , dont le canon de 75 m tirait que des obus d’une vitesse initiale de 380 mètres/seconde. En 1942, apparut la deuxième série des T-34 76 B. La tourelle , plus arrondie, est coulée d’une seule pièce. Un double périscope était installé à l’avant de cette tourelle. Un certain nombre de chars furent équipés d’un lance-flammes ATO-41. Le réservoir destiné à cette arme était blindé et placé sur le glacis arrière. Le T-34/76 reçut un équipement radio, mais comme ses successeurs ne comportait pas de système de communication intérieurs.

Le T-34/76 C : Bâti sur le modèle B, il était équipé d’une nouvelle tourelle. Mieux profilée, d’un poids de 4,32 tonnes, elle avait un diamètre de 1,40 m. La grande trappe rectangulaire de la tourelle fut remplacée par deux ouvertures circulaires, une pour le chef de char, l’autre pour le tireur. Chaque trappe était fermée par un clapet circulaire s’ouvrant vers l’avant. Une fois ouverte, ce dont les grenadiers allemands profitèrent pour surnommer le T_34 76 C « Micky Maus » (Mickey). Les périscopes furent modernisées et deux épiscopes furent installés pour le conducteur. Le glacis avant était soudé, contrairement aux productions précédentes sur lesquelles il était riveté.

Le T-34/76 D : Annoncé par le T-34 M, resté à l’état de projet, ce char fut conçu pour éviter les attaques de l’infanterie allemande, qui n’hésitait pas, dans les combats rapprochés, à grimper sur les blindés pour y placer des charges de démolition ou des « Tellerminen »(mines anti-char). Une nouvelle tourelle hexagonale, sans prise, fut donc créé en fonction de ce danger.

Apparu en 1942, le T-34 :76 D , était primitivement conçu comme char de commandement. Le montage du canon fut modifié du fait de la nouvelle forme adoptée, le canon ovale plaqué sur la tourelle. Le T-34.76 D, ne portait qu’un épiscope placé devant le chef de char.

Le T-34/76 E : Apparu au début de 1943 ce char était semblable au modèle D, il s’en différenciait toutefois par l’adjonction, à gauche de la tourelle, d’un tourelleau d’observation pour le chef de char. Un nouveau système d’aération fut également monté.

Le T-34/76 F : Mis en service dans le courant de 1943, ce char reçut le modèle final de tourelle de la série. Cette tourelle, bâtie sur celle du modèle D, était coulée d’une seule pièce ; tous les angles aigus et toutes les arêtes furent supprimées, donnant ainsi un arrondi continu ayant pour but de faire ricocher les projectiles adverses. Ce char fut équipé d’une boîte 5 vitesses (au lieu de 4 sur les modèles précédents, les roues furent désormais produites d’une seule pièce sans ajourages et de nouvelles chenilles renforcées furent montées. Certaines tourelles furent équipées d’un tourelleau pour le chef de chars. La coupole de la mitrailleuse du glacis fut blindée afin d’éviter les dommages causés par les armes d’infanterie.

Le T-34/85-I / Le Haut Commandement de l’Armée Rouge, devant l’apparition de nouveaux chars allemands demanda aux ingénieurs Morozov et Krylov de concevoir un char moyen plus puissamment armé que les modèles en service. Inspiré du T-43, apparu pendant l’hiver 1942-43, ce nouveau char fut baptisé T-34/85-I.

Très semblable au T-34/76F, ce blindé reçut une nouvelle tourelle plus Massive, primitivement destiné au KV-85. Cette tourelle d’un diamètre de 1,58 m permit l’adjonction d’un cinquième homme d’équipage, en l’occurrence d’un chargeur, ce qui soulageait la tâche du chef de char te du tireur. Les premiers exemplaires sortirent des usines pendant l’hiver 1943-44.Ils furent affectés aux unités blindées de la Garde Rouge dans le courant du printemps 1944.

La grande innovation fut l’installation d’un canon de 85 mm modèle D-5T au début, modèle ZIS-S.53 par la suite. D’après les Soviétiques ce canon pouvait percer un blindage e 100 mm à 1 km de distance. En fait la supériorité de ce char provint surtout de sa production (2,5 fois celle du Panther allemand), qui permettait de submerger les Panzerdivision.

Le T-34 dans la bataille

Pas plus que le Stuka n’était l’arme absolu allemande, le T-34 ne fut pas, à lui seul l’instrument de la victoire soviétique à l’Est.

Tant qu’il fut mal employé tactiquement, « en appui » ; « par petits paquets » et dans des actions réduites, il fut pratiquement balayé du front, non seulement grâce à une supériorité matérielle de l’adversaire ( le contraire était plus exact), mais parce que les « conceptions militaires n’étaient pas au même niveau et ne fonctionnaient pas au même rythme.

La stabilisation du front en 941/42, donnera à l’état-major soviétique le temps d’assimiler le « mode d’emploi » allemand des blindés et d’envisager d’autres méthodes de combat pour cette arme. En même temps, l’industrie soviétique d’au-delà de l’Oural (à Chelyabink, entre autres que l’on nommera « Tankograd ») entamera une production massive de chars.

De réalisation classiques (moteur et transmission à l’arrière, conducteur et mitrailleur à l’avant, tourelle montée au centre du char), fortement blindé, bien armé, rustique, à l’aise sur tous les terrains, profilé, bas et rapide, le T-34 surclassait les Panzer III et IV sur presque tous les points et fut, sans conteste, le meilleur char de la première moitié du second conflit mondial.

Produit à 40 000 exemplaires de 1940 à 1945, il bénéficia d’une excellente conception, permettant une énorme production en série. Par contre il fut desservi par une transmission mécanique déficiente, un équipement radio primitif, la médiocrité de ses optiques, et, souvent, par un manque d’entraînement et de compétence de ses équipages. Mais employé en masse, dans des actions frontales et concentrées, avec une supériorité numérique écrasante, le T-34 fut le fer de lance de la contre-offensive qui, commencée par la victoire de Koursk, finira par submerger l’armée allemande et conduira les forces soviétiques au cœur de l’Europe.

 

Sources : Internet